Pareillement
Dans la misère, il n’y a ni donateur ni mendiant, seulement deux âmes affamées qui se reconnaissent comme frères.

I
Mon cerveau n’a plus de lueur,
Mon ventre gargouille depuis hier.
La force, la vraie, a quitté mon corps ;
Bras ballants, car je n’ai rien mangé.
II
Il est dix-huit heures sur ma montre.
Dans les misérables rues de la ville,
Je déambule.
Soudain, sans m’y attendre,
Un cri derrière moi me surprend.
Je me retourne vers la provenance :
Je vois un homme accoudé à un poteau électrique.
Il s’adresse à moi d’une voix étrange, mais intime :
« Un centime, rien qu’un centime. »
Après le passage d’un courant d’air,
Je regarde mon compère,
Puis réponds avec la même voix de misère :
« Je me meurs comme toi, frère ! »
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