Le bel immonde de V. Y. Mudimbe
Le roman Le bel immonde de Valentin-Yves Mudimbe raconte la relation entre un ministre et une prostituée, révélant les liens dangereux entre pouvoir, passion et corruption. À travers cette histoire, l’auteur dénonce la décadence morale et les conséquences destructrices des compromissions politiques et personnelles.

L’intitulé de ce roman, « Le bel immonde », de Valentin-Yves Mudimbe, vise à montrer que le thème de ce livre est la relation entre la vie professionnelle (ici, politique) et la vie personnelle (ici, romantique/sexuelle).
En effet, ce roman retrace la liaison qui se noue entre un ministre et une prostituée rencontrée dans un bar. Ce qui ne devait être qu’une rencontre occasionnelle et banale se transforme en un amour durable, donnant naissance à un couple insolite qui tente d’échapper aux contraintes et aux préjugés de la société.
Tout au long du récit, ces « deux personnages » ne sont généralement pas nommés, sauf par : « Elle, Lui, Je ou Tu. »
Elle s’appelle Ya, mais elle dit que cela signifie « sœur » et que ce n’est pas son nom. C’est une prostituée à Kinshasa. Nous la rencontrons pour la première fois dans un bar où elle « reçoit » un Américain en visite.
« – Que faites-vous dans la vie ?
– Je suis Américain.
– Je le vois. Mais votre métier ?
– Je suis technicien.
– Vous dansez bien ! »
Entre-temps, elle se lie rapidement à un ministre anonyme. Il n’est pas intéressé par la danse, mais veut connaître les ragots, comme l’histoire du capitaine qui s’est déguisé en femme et a dansé avec une Américaine, et qui n’a été découvert que lorsqu’un de ses seins est tombé (un faux, évidemment). Ils entament cependant une liaison ; le ministre est, bien sûr, marié et père de famille.
De son côté, sa femme est au courant de leur relation et le critique pour avoir dépensé de l’argent pour ses maîtresses sans avoir trouvé le meilleur médecin pour circoncire leur fils (qui mourra plus tard d’une infection après la circoncision). Elle est chassée, accusée de sorcellerie lors du décès de leur fils.
De son côté, elle et sa « sœur », c’est-à-dire sa colocataire, reçoivent la visite de membres de sa tribu, dont son père était un ancien chef, et sont battues pour avoir collaboré avec l’ennemi de la tribu.
Cependant, elle est ensuite encouragée à poursuivre la relation afin d’obtenir des informations de sa part. Elle avait initialement prévu de rompre et le lui avait effectivement annoncé, mais elle la reprend, transmettant les informations demandées à son « oncle », c’est-à-dire à l’aîné de la tribu. Ces informations se révèlent importantes.
Le ministre s’inquiète de l’influence qu’elle exerce sur lui. Il envisage le suicide à un moment donné, mais son image l’inspire. Il adopte la religion locale, mais cela ne l’arrange pas. Cependant, la situation politique se détériore. Le ministre préside une commission d’enquête sur la rébellion et interroge même les rebelles capturés devant la commission. Il perd son poste lors de la chute du gouvernement, mais semble le regagner. Les autorités semblent finalement faire le lien entre Ya, le ministre et les informations divulguées, mais le dénouement n’est pas forcément celui escompté.
L'auteur nous montre comment la prostitution peut porter atteinte au bon fonctionnement de l’appareil de l’État, et partant à l’intégrité du pays, compromettant ainsi l’avenir de tout un peuple. V. Y. Mudimbe nous présente le danger de la débauche, le péril des relations qu’entretiennent des hommes d’État et les femmes légères. Lorsqu’un haut cadre s’embourbe dans cette fange, le secret d’État n’existe plus. Un inspecteur le prouve à « Ya ».
« (…) vous défrayez la chronique, on vous voit ensemble dans toute la ville. Nous ignorions que tu fus séductrice au point de lui faire perdre toute discrétion. »
La fin, comme la majeure partie du livre, bien que bien écrite, laisse le sentiment d’un manque. Le lecteur qui parcourt Le bel immonde est frappé non seulement par la débauche, mais aussi par le manque de franchise et tout ce que cela implique. Aucune conclusion n’est tirée, si ce n’est qu’il y a un prix à payer, et un prix qui pourrait bien ne pas en valoir la peine.
Le bel immonde de V. Y. Mudimbe se range aux côtés de cet ouvrage : La vie et demie de Sony Labou Tansi.
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