Dès que je le lui ai dit

0 71 25.10.2025 Introduction

Un garçon complexé avoue à la police qu’il a tué un cycliste pour impressionner une fille, un acte qui lui a valu son amour mais le ronge désormais de remords.

Image du post Dès que je le lui ai dit
Photographie Yab

C'était un garçon grassouillet et qui parlait presque en pleurnichant, mais tout de même avec une certaine dignité.

- Dès que je le lui ai dit, elle a laissé tomber les autres et elle a commencé à venir avec moi...

- Quels autres ? Et qu’est-ce que vous lui avez dit ? hurla le sous-brigadier de police.

- Les autres tournaient toujours autour d’elle, et elle les laissait faire, dit humblement le garçon. Mais moi, elle ne me regardait même pas : je suis petit, gros, et je ne sais rien faire, même pas jouer au bridge... Les autres font des courses d’auto ; moi, je ne dépasse jamais les quatre-vingt-dix. Les autres font de la pêche sous-marine ou jouent au tennis ; il y en a même deux qui font du judo : alors elle courait après tous ceux-là et ne me regardait jamais. Tous les autres couchaient avec elle. Oui, sauf moi... Il y en avait un qui avait participé à un safari et qui y avait tué un lion, alors elle avait aussi couché avec lui. Tous les autres faisaient des tas de choses que je ne savais pas faire, moi, et elle allait avec eux... Alors je le lui ai dit, et depuis ce jour-là, elle n’est plus venue qu’avec moi et elle s’est mise à regarder les autres comme s’ils avaient tous été des crétins...

Le sous-brigadier hurla de nouveau :

- Mais qu’est-ce que vous lui avez donc dit ?

- Que j’avais pris le fusil à lunette de mon père, dit le garçon. Je l’avais fait exprès pour elle, comme ça elle voyait bien que, moi aussi, je faisais quelque chose d’extraordinaire, pas seulement les autres... Et, de la fenêtre de la villa, j’avais mis en joue, sur la grand-route, un cycliste qui se trouvait à un bon kilomètre de distance. Je n’y croyais pas, mais il était tout de même tombé : j’avais fait mouche... Et, dès que je le lui ai dit, elle n’a plus voulu aller avec personne d’autre, rien qu’avec moi. Au début, ça m’a rudement fait plaisir, mais maintenant, ça fait un mois que je ne dors plus, que je ne vis plus, bien que je puisse aller avec elle comme je veux... J’en rêve la nuit, de ce cycliste qui tombe. Je n’en peux plus, arrêtez-moi...

Et le garçon grassouillet éclata en sanglots.


Titre original : Appena gliel’ho detto


 Scerbanenco

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